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samedi 19 avril 2014

VENDREDI SAINT

                     

Célébration de la passion du Christ et de sa mort sur la croix. La lecture principale est le récit de la Passion selon saint Jean. Il est demandé aux fidèles le jeûne et l'abstinence pour s'unir aux souffrances du Christ. Les chrétiens sont aussi invités à participer au Chemin de Croix.







...Jésus sortit avec ses disciples et traversa le torrent du Cédron ; il y avait là un jardin, dans lequel il entra avec ses disciples. 2 Judas, qui le livrait, connaissait l'endroit, lui aussi, car Jésus y avait souvent réuni ses disciples. 3 Judas prit donc avec lui un détachement de soldats, et des gardes envoyés par les chefs des prêtres et les pharisiens. Ils avaient des lanternes, des torches et des armes.

4 Alors Jésus, sachant tout ce qui allait lui arriver, s'avança et leur dit : « Qui cherchez-vous ? » 5 Ils lui répondirent : « Jésus le Nazaréen. » Il leur dit : « C'est moi. » Judas, qui le livrait, était au milieu d'eux. 6 Quand Jésus leur répondit : « C'est moi », ils reculèrent, et ils tombèrent par terre.

7 Il leur demanda de nouveau : « Qui cherchez-vous ? » Ils dirent : « Jésus le Nazaréen. » 8 Jésus répondit : « Je vous l'ai dit : c'est moi. Si c'est bien moi que vous cherchez, ceux-là, laissez-les partir. » 9 (Ainsi s'accomplissait la parole qu'il avait dite : « Je n'ai perdu aucun de ceux que tu m'as donnés ».)

10 Alors Simon-Pierre, qui avait une épée, la tira du fourreau ; il frappa le serviteur du grand prêtre et lui coupa l'oreille droite. Le nom de ce serviteur était Malcus. 11 Jésus dit à Pierre : « Remets ton épée au fourreau. Est-ce que je vais refuser la coupe que le Père m'a donnée à boire ? »
Alors les soldats, le commandant...
...et les gardes juifs se saisissent de Jésus et l'enchaînent. 13 Ils l'emmenèrent d'abord chez Anne, beau-père de Caïphe, le grand prêtre de cette année-là. 14 (C'est Caïphe qui avait donné aux Juifs cet avis : « Il vaut mieux qu'un seul homme meure pour tout le peuple. »)

15 Simon-Pierre et un autre disciple suivaient Jésus. Comme ce disciple était connu du grand prêtre, il entra avec Jésus dans la cour de la maison du grand prêtre, 16 mais Pierre était resté dehors, près de la porte. Alors l'autre disciple - celui qui était connu du grand prêtre - sortit, dit un mot à la jeune servante qui gardait la porte, et fit entrer Pierre. 17 La servante dit alors à Pierre : « N'es-tu pas, toi aussi, un des disciples de cet homme-là ? » Il répondit : « Non, je n'en suis pas ! » 18 Les serviteurs et les gardes étaient là ; comme il faisait froid, ils avaient allumé un feu pour se réchauffer. Pierre était avec eux, et se chauffait lui aussi.

19 Or, le grand prêtre questionnait Jésus sur ses disciples et sur sa doctrine. 20 Jésus lui répondit : « J'ai parlé au monde ouvertement. J'ai toujours enseigné dans les synagogues et dans le Temple, là où tous les Juifs se réunissent, et je n'ai jamais parlé en cachette. 21 Pourquoi me questionnes-tu ? Ce que j'ai dit, demande-le à ceux qui sont venus m'entendre. Eux savent ce que j'ai dit. » 22 A cette réponse, un des gardes, qui était à côté de Jésus, lui donna une gifle en disant : « C'est ainsi que tu réponds au grand prêtre ! » 23 Jésus lui répliqua : « Si j'ai mal parlé, montre ce que j'ai dit de mal ; mais si j'ai bien parlé, pourquoi me frappes-tu ? » 24 Anne l'envoya, toujours enchaîné, au grand prêtre Caïphe.

25 Simon-Pierre était donc en train de se chauffer ; on lui dit : « N'es-tu pas un de ses disciples, toi aussi ? » Il répondit : « Non, je n'en suis pas ! » 26 Un des serviteurs du grand prêtre, parent de celui à qui Pierre avait coupé l'oreille, insista : « Est-ce que je ne t'ai pas vu moi-même dans le jardin avec lui ? » 27 Encore une fois, Pierre nia. A l'instant le coq chanta.

Alors on emmène Jésus de chez Caïphe...
...au palais du gouverneur. C'était le matin. Les Juifs n'entrèrent pas eux-mêmes dans le palais, car ils voulaient éviter une souillure qui les aurait empêchés de manger l'agneau pascal.

29 Pilate vint au dehors pour leur parler : « Quelle accusation portez-vous contre cet homme ? » Ils lui répondirent : 30 « S'il ne s'agissait pas d'un malfaiteur, nous ne te l'aurions pas livré. » 31 Pilate leur dit : « Reprenez-le, et vous le jugerez vous-mêmes suivant votre loi. » Les Juifs lui dirent : « Nous n'avons pas le droit de mettre quelqu'un à mort. » 32 Ainsi s'accomplissait la parole que Jésus avait dite pour signifier de quel genre de mort il allait mourir.

33 Alors Pilate rentra dans son palais, appela Jésus et lui dit : « Es-tu le roi des Juifs ? » 34 Jésus lui demanda : « Dis-tu cela de toi-même, ou bien parce que d'autres te l'ont dit ? 35 Pilate répondit : « Est-ce que je suis Juif, moi ? Ta nation et les chefs des prêtres t'ont livré à moi : qu'as-tu donc fait ? » 36 Jésus déclara : « Ma royauté ne vient pas de ce monde ; si ma royauté venait de ce monde, j'aurais des gardes qui se seraient battus pour que je ne sois pas livré aux Juifs. Non, ma royauté ne vient pas d'ici. » 37 Pilate lui dit : « Alors, tu es roi ? » Jésus répondit : « C'est toi qui dis que je suis roi. Je suis né, je suis venu dans le monde pour ceci : rendre témoignage à la vérité. Tout homme qui appartient à la vérité écoute ma voix. » 38 Pilate lui dit : « Qu'est-ce que la vérité ? »

Après cela, il sortit de nouveau pour aller vers les Juifs, et il leur dit : « Moi, je ne trouve en lui aucun motif de condamnation. 39 Mais c'est la coutume chez vous que je relâche quelqu'un pour la Pâque : voulez-vous que je vous relâche le roi des Juifs ? » 40 Mais ils se mirent à crier : « Pas lui ! Barabbas ! » (Ce Barabbas était un bandit.)
 
 Alors Pilate ordonna d'emmener Jésus...
...pour le flageller. 2 Les soldats tressèrent une couronne avec des épines, et la lui mirent sur la tête ; puis ils le revêtirent d'un manteau de pourpre. 3 Ils s'avançaient vers lui et ils disaient : « Honneur à toi, roi des Juifs ! » Et ils le giflaient.

4 Pilate sortit de nouveau pour dire aux Juifs : « Voyez, je vous l'amène dehors pour que vous sachiez que je ne trouve en lui aucun motif de condamnation. » 5 Alors Jésus sortit, portant la couronne d'épines et le manteau de pourpre. Et Pilate leur dit : « Voici l'homme. » 6 Quand ils le virent, les chefs des prêtres et les gardes se mirent à crier : « Crucifie-le ! Crucifie-le ! » Pilate leur dit : « Reprenez-le, et crucifiez-le vous-mêmes ; moi, je ne trouve en lui aucun motif de condamnation. » 7 Les Juifs lui répondirent : « Nous avons une Loi, et suivant la Loi il doit mourir, parce qu'il s'est prétendu Fils de Dieu. »

8 Quand Pilate entendit ces paroles, il redoubla de crainte. 9 Il rentra dans son palais, et dit à Jésus : « D'où es-tu ? » Jésus ne lui fit aucune réponse. 10 Pilate lui dit alors : « Tu refuses de me parler, à moi ? Ne sais-tu pas que j'ai le pouvoir de te relâcher, et le pouvoir de te crucifier ? » 11 Jésus répondit : « Tu n'aurais aucun pouvoir sur moi si tu ne l'avais reçu d'en haut ; ainsi, celui qui m'a livré à toi est chargé d'un péché plus grave. »

12 Dès lors, Pilate cherchait à le relâcher ; mais les Juifs se mirent à crier : « Si tu le relâches, tu n'es pas ami de l'empereur. Quiconque se fait roi s'oppose à l'empereur. » 13 En entendant ces paroles, Pilate amena Jésus au-dehors ; il le fit asseoir sur une estrade à l'endroit qu'on appelle le Dallage (en hébreu : Gabbatha). 14 C'était un vendredi, la veille de la Pâque, vers midi. Pilate dit aux Juifs : « Voici votre roi. » 15 Alors ils crièrent : « A mort ! A mort ! Crucifie-le ! » Pilate leur dit : « Vais-je crucifier votre roi ? » Les chefs des prêtres répondirent : « Nous n'avons pas d'autre roi que l'empereur. » 16 Alors, il leur livra Jésus pour qu'il soit crucifié, et ils se saisirent de lui.

Jésus, portant lui-même sa croix,...
...sortit en direction du lieu dit : Le Crâne, ou Calvaire, en hébreu : Golgotha. 18 Là, ils le crucifièrent, et avec lui deux autres, un de chaque côté, et Jésus au milieu.

19 Pilate avait rédigé un écriteau qu'il fit placer sur la croix, avec cette inscription : « Jésus le Nazaréen, roi des Juifs. » 20 Comme on avait crucifié Jésus dans un endroit proche de la ville, beaucoup de Juifs lurent cet écriteau, qui était libellé en hébreu, en latin et en grec. 21 Alors les prêtres des Juifs dirent à Pilate : « Il ne fallait pas écrire : 'Roi des Juifs' ; il fallait écrire : 'Cet homme a dit : Je suis le roi des Juifs'. » 22 Pilate répondit : « Ce que j'ai écrit, je l'ai écrit. »

23 Quand les soldats eurent crucifié Jésus, ils prirent ses habits ; ils en firent quatre parts, une pour chacun. Restait la tunique ; c'était une tunique sans couture, tissée tout d'une pièce de haut en bas. 24 Alors ils se dirent entre eux : « Ne la déchirons pas, tirons au sort celui qui l'aura. » Ainsi s'accomplissait la parole de l'Écriture : Ils se sont partagé mes habits ; ils ont tiré au sort mon vêtement. C'est bien ce que firent les soldats.

25 Or, près de la croix de Jésus se tenait sa mère, avec la soeur de sa mère, Marie femme de Cléophas, et Marie Madeleine. 26 Jésus, voyant sa mère, et près d'elle le disciple qu'il aimait, dit à sa mère : « Femme, voici ton fils. » 27 Puis il dit au disciple : « Voici ta mère. » Et à partir de cette heure-là, le disciple la prit chez lui.

28 Après cela, sachant que désormais toutes choses étaient accomplies, et pour que l'Écriture s'accomplisse jusqu'au bout, Jésus dit : « J'ai soif. » 29 Il y avait là un récipient plein d'une boisson vinaigrée. On fixa donc une éponge remplie de ce vinaigre à une branche d'hysope, et on l'approcha de sa bouche. 30 Quand il eut pris le vinaigre, Jésus dit : « Tout est accompli. » Puis, inclinant la tête, il remit l'esprit.

31 Comme c'était le vendredi, il ne fallait pas laisser des corps en croix durant le sabbat (d'autant plus que ce sabbat était le grand jour de la Pâque). Aussi les Juifs demandèrent à Pilate qu'on enlève les corps après leur avoir brisé les jambes. 32 Des soldats allèrent donc briser les jambes du premier, puis du deuxième des condamnés que l'on avait crucifiés avec Jésus. 33 Quand ils arrivèrent à celui-ci, voyant qu'il était déjà mort, ils ne lui brisèrent pas les jambes, 34 mais un des soldats avec sa lance lui perça le côté ; et aussitôt, il en sortit du sang et de l'eau. 35 Celui qui a vu rend témoignage, afin que vous croyiez vous aussi. (Son témoignage est véridique et le Seigneur sait qu'il dit vrai.) 36 Tout cela est arrivé afin que cette parole de l'Écriture s'accomplisse : Aucun de ses os ne sera brisé. 37 Et un autre passage dit encore : Ils lèveront les yeux vers celui qu'ils ont transpercé.
 

 
Après cela, Joseph d'Arimathie, qui était disciple...
...de Jésus, mais en secret par peur des Juifs, demanda à Pilate de pouvoir enlever le corps de Jésus. Et Pilate le permit. Joseph vint donc enlever le corps de Jésus. 39 Nicodème (celui qui la première fois était venu trouver Jésus pendant la nuit) vint lui aussi ; il apportait un mélange de myrrhe et d'aloès pesant environ cent livres. 40 Ils prirent le corps de Jésus, et ils l'enveloppèrent d'un linceul, en employant les aromates selon la manière juive d'ensevelir les morts.

41 Près du lieu où Jésus avait été crucifié, il y avait un jardin, et dans ce jardin, un tombeau neuf dans lequel on n'avait encore mis personne. 42 Comme le sabbat des Juifs allait commencer, et que ce tombeau était proche, c'est là qu'ils déposèrent Jésus.

                                      


                                                CHEMIN DE CROIX

                                                         Première station 
1__2_ A Bétharram: Jésus à Gethsémani. Chemin de Croix ordinaire: Jésus est condamné à mort. La justice et la paix


                                                    Deuxième station
2__2_
A Bétharram: Jésus est trahi par Judas
Au Chemin de Croix ordinaire: Jésus est chargé de Sa Croix. Les nouveaux Judas et les nouveaux Croisés
 
 
Troisième station
3__2_
A Bétharram: Jésus est condamné par Caïphe
Au Chemin de la Croix ordinaire: Première chute de Jésus
Les trois condamnations et les trois chutes
 
Quatrième station
4__2_ 


A Bétharram: La Flagellation de Jésus
Au Chemin de la Croix ordinaire: La rencontre de Jésus et de
Sa Mère.  La Mère de Douleur
 
Cinquième station
5__2_
A Bétharram: Jésus couronné d'épines
Au Chemin de la Croix ordinaire: Simon le Cyrénéen porte la Croix avec Jésus
Le Roi d'Amour
 
Sixième station
6__2_
A Bétharram: l'Ecce Homo
Au Chemin de la Croix ordinaire: Sainte Véronique essuie la Face de Jésus
La Sainte Face
 
Septième station
7__2_
A Bétharram: Jésus est condamné par Pilate
Au Chemin de la Croix ordinaire: Seconde chute de Jésus
Le temple du veau d'or
 
Huitième station
8__2_
A Bétharram: Jésus rencontre Sa Mère
Au Chemin de la Croix ordinaire: Jésus console les filles de Jérusalem
Le Divin Consolateur
 
Neuvième station
9__2_
A Bétharram: Jésus et les filles de Jérusalem
Au Chemin de la Croix ordinaire: Troisième chute de Jésus
Le Lys au milieu des épines
 
Dixième station
10
A Bétharram: Jésus est attaché à la Croix
Au Chemin de la Croix ordinaire: Il est dépouillé de Ses vêtements
                                                 La robe nuptiale
 
                                                   Onzième station
                                         11
A Bétharram: Jésus meurt sur la Croix
Au Chemin de la Croix ordinaire: Jésus est attaché sur la Croix
La Victime du Sacrifice
 
Douzième station
 12
A Bétharram: Descente de la Croix
Au Chemin de la Croix ordinaire: Jésus meurt sur la Croix
Le Triomp de la Croix
Treizième station
13
A Bétharram et au Chemin de la Croix ordinaire: Jésus est remis à Sa Mère
La Reine des Martyrs
 
Quatorzième station
14
A Bétharram et au Chemin de la Croix ordinaire: Jésus est placé dans le Tombeau
  Le glorieux Sépulcre

NOTRE SEIGNEUR DANS SA GLOIRE ETERNELLE
11
 
Chemin de Croix
médité avec le Père Marie-Antoine de Lavaur

PMA_65ans
Le Père Marie-Antoine de Lavaur
"Le Saint de Toulouse"
1825-1907
                                 
 

                                                                                                
 
Je remercie vivement le site "Images saintes" des Franciscains qui m'a permis de réaliser cette page.

9 commentaires:



  1. Merci chère Mireille de rappeler ce qui est au cœur de notre foi..

    Je vous propose ce texte de Charles Journet (1891-1975) qui fut un des grands théologiens contemplatifs du XXe siècle : auteur entre autres du magistral essai "L'Eglise du Verbe incarné".

    Les paroles du Verbe : Ici-bas le silence est la condition des paroles vraies. Que valent les paroles qui n'enclosent pas de silence? Elles sont feuilles mortes.

    Les sept paroles du Christ en Croix, achevées dans un grand cri, sont les toutes dernières paroles de sa vie passible. Le drame qu'elles contiennent se trouvait déjà annoncé dans les sept béatitudes du Sermon sur la Montagne, culminant dans la huitième, celle des persécutés pour la justice. Le mont du Calvaire est la réponse au mont des béatitudes.

    Le Verbe pousse par degré vers la mort la nature humaine en laquelle il porte le poids de tout le mal de notre monde. Les sept paroles sont les étapes de son approche de la mort. Elles donnent une voix à la douleur finale du Christ. Elles nous entr'ouvrent ce mystère. Ce qui est drame effrayant, devient par elles un enseignement. Une lumière nous est livrée. C'est celle du Verbe, caché au cœur de la Croix sanglante, pour en faire jaillir ces sept Rayons.

    La première parole : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu'ils font ! » : Ce n'est pas sa douleur terrible qu'il exhale dans sa première parole. Ce qui le préoccupe, c'est de faire descendre sur terre le pardon de son Père. La première des sept paroles est rapportée dans saint Luc. Jésus, un peu avant d'être mis en croix, a fait entrevoir l'abîme de l'injustice des hommes. Si le pardon de Dieu vient (et il viendra merveilleusement à cause de Jésus), ce ne sera pas avant tout pour empêcher l'injustice du monde de fructifier en catastrophes, ce sera avant tout pour sauver, au sein même de ces catastrophes aveugles, la destinée suprême des âmes.

    «Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu'ils font !» (Luc 23, 32-34). Père ! C'est le premier mot des sept paroles. Il dit «Père !», comme à la résurrection de Lazare. Ce n'est pas sa douleur qui l'occupe, c'est notre péché : d'abord la blessure, l'offense qu'il fait à Dieu, puis le ravage qu'il nous fait à nous-mêmes. Il demande avec son cœur d'homme que le Père pardonne : il faut, avec nos cœurs d'hommes, demander que le Père pardonne. Il faut continuer d'en appeler avec lui aux magnanimités d'en haut contre la haine, les folies, les crimes de la terre. Un royaume, longtemps attendu, paraît. C'est le royaume des pardons de l'Amour.

    Il y a des moments où Jésus veut prier à part pour ses seuls disciples immédiats. A d'autres moments il étend sa prière jusqu'à tous les fidèles. Mais, par dessus ces prières spéciales, il y a en lui une prière permanente pour tous les hommes sans exception, c'est le monde entier qu'il vient chercher, qu'il voudrait sauver, pour qui il meurt. Maintenant, Jésus ne reproche même plus rien aux hommes. Il regarde au-dessus d'eux. Il voit leur destinée éternelle. C'est pour eux qu'il est en Croix.

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  2. «L'un des malfaiteurs qui pendait à la croix le blasphémait, disant : «N'est-tu pas le Christ ? Sauve-toi toi-même, et nous aussi !» Pourquoi se dire le Messie quand on est pareillement impuissant contre les hommes et leur système social, dit avec dépit le malfaiteur, envahi par la haine et la rage. Mais peut-être la révolte de cet homme venait-elle de plus loin. Peut-être était-elle plus tranquille, plus irrémédiable. C'est la vie entière qu'il avait défiée en devenant bandit. Dans les deux cas, il passe, sans la reconnaître, à côté d'une délivrance qui ne reviendra peut-être jamais. Est-il entré ainsi tout vivant dans la mort? Sa haine, son défi s'est-il éternisé ? Un éclair a-t-il pu, au tout dernier instant, peut-être après les sept paroles, peut-être après la mort de Jésus, déchirer sa nuit ?

    Le second crucifié, plus qu'à tout, tient à la justice. Il l'a souvent violée dans les faits, il ne l'a jamais reniée dans son cœur. Parce qu'il oublie un instant de penser à sa torture par souci de la justice, voici qu'en réponse une nouvelle clarté intérieure l'illumine. Il devine, il comprend soudain, quelle profondeur, quelle pureté de justice il y a dans cet homme que l'on moque et brutalise. Son choix est fait. Il s'écrie : «Jésus, souviens-toi de moi quand tu entreras dans ton royaume !».

    «Je triomphe de joie, mes frères, mon cœur est rempli de ravissement en voyant la foi de ce saint voleur. Un mourant voit Jésus mourant, et il lui demande la vie : un crucifié voit Jésus crucifié, et il lui parle de son royaume ; ses yeux n'aperçoivent que des croix, et sa foi ne se représente qu'un trône» (Bossuet, Sermon pour l'Exaltation de la sainte Croix, 1659).

    «Et Jésus lui dit : En vérité, je te le dis, aujourd'hui, tu seras avec moi, dans le paradis !». Par sa confession, cet homme est instantanément justifié et béatifié. Il quittera le changement pour la plénitude, le supplice pour la béatitude. «On n'entre pas dans le Paradis demain, ni après-demain, ni dans dix ans, on y entre aujourd'hui». Si tu aimes Jésus dans le temps, tu seras aimé par Jésus dans l'éternité. Ô Jésus, qui donnez au brigand le paradis tout de suite, et qui, par un seul rayon tombé de votre croix sanglante, le purifiez si merveilleusement qu'il n'y aura pas pour lui de délai après la mort, pas de part pour l'expiation, et que son dernier soupir amènera l'instant de son entrée dans la vision béatifiante du Dieu trois fois saint. Désormais la puissance des pardons du ciel est manifestée à la terre. Il suffira, fût-ce au tout dernier moment, qu'un cœur invoque, l'ayant enfin comprise, cette infinie Bonté d'un Dieu «qui a tant aimé le monde qu'il lui a donné son Fils unique», pour qu'il soit à l'instant lavé de toutes ses hontes. «Il nous a aimés, et il nous a déliés de nos péchés dans son sang» (Ap. 1,5).

    L'amour que nous donnons quand nous sommes en croix ressemble un peu à l'amour rédempteur. C'est le plus pur de nos amours, celui que Jésus accueille avec le plus de joie, celui qui hâte le plus en nous la venue du paradis. Aujourd'hui la croix ; au delà, l'éternité du paradis. Il ne faut aller aux choses qu'en regardant au delà des choses : «J'estime, écrit saint Paul, que les souffrances du temps présent sont sans proportion avec la gloire à venir qui sera révélée en nous» (Rom. 8, 18).

    Sainte Catherine de Sienne dit qu'il y a d'autres larmes encore que celles des yeux, les larmes du cœur ou du désir, qu'elle appelle des larmes de feu. Ce sont celles que pleure en nous l'Esprit saint pour le salut du monde. Ces larmes de feu sont celles qui embrasent le cœur du Sauveur quand, au soir du jeudi saint, il voit s'approcher l'heure bénie de sa passion qui sauvera le monde.

    Bienheureux ceux qui pleurent : ils seront, ils sont déjà consolés.

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  3. O mon frère, qui que tu sois, quelque souillure que recèle ton cœur, n'oublie jamais le dernier mot pour toi de ton Sauveur, qui, te regardant de sa croix, t'a dit : Voici ta mère.

    La parole du Christ fait désormais, de la Mère de Dieu au pieds de la croix, la mère de tout disciple du Christ ; et de tout disciple du Christ, l'enfant de la Mère du Dieu rédempteur. Unie au Christ rédempteur, toute l'Eglise est corédemptrice. Mais il est donné par Jésus à la Vierge, à cause de sa supplication au pieds de la croix, d'être première corédemptrice, corédemptrice de tous les corédempteurs. Voici que la tendresse de cœur de la Mère de Dieu va se reverser sur la misère des enfants d'Adam, voici qu'ils vont devenir frères de Jésus, non seulement parce qu'ils auront par l'adoption Dieu comme Père, mais encore parce qu'ils auront, par son universelle compassion corédemptrice, Marie pour Mère.

    Jésus avait dit sur la Montagne, au commencement de sa vie publique : «Bienheureux les doux, car ils auront la terre en héritage» (Mt 5,5). Sur la croix, sous l'atroce brûlure de ses plaies, il laisse au disciple fidèle, et à tous ceux qui envieront cette fidélité, celle même qui avait été pour lui, au temps de son enfance, une fontaine de douceur.

    Voici ta Mère. Jésus, c'est vous qui me la donnez pour Mère. Voilà votre testament pour moi. C'est de votre Croix, où coule votre sang, et de laquelle vous m'invitez à m'approcher, que j'entends, tout tremblant, venir ce mot de Mère, et cette révélation d'une tendresse dont le sens me dépassera toujours.


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  4. Jésus est descendu dans la profondeur du drame du monde, de la tragédie du péché. Il l'a prise sur lui, il s'en est revêtu, il en a épuisé les amertumes, jusqu'à la mort de la croix. Il s'est ainsi identifié, lui sans péché, à notre condition de malédiction et de péché. Et elle est devenue, en lui, du fait de la dignité infinie de sa personne, une compensation d'amour dont l'infinité dépasse incomparablement celle de l'offense faite à Dieu par le péché des hommes. Et en nous, la même tragédie de notre condition humaine, si nous la portons dans la grâce et la vérité qui descendent du Christ dans ses membres, peut devenir, jusqu'à la fin du temps historique, corédemptrice, dans le Christ, des êtres dont nous serons les contemporains. Jésus explique saint Thomas, s'est précipité volontairement sur la souffrance pour en embrasser toute la quantité proportionnée à l'immensité du fruit qui devait en résulter, à savoir la libération des hommes du péché.

    La quatrième parole est, il nous reste à le voir, la reprise par Jésus du début d'un psaume qui décrivait prophétiquement les épreuves du Juste. Le psaume 22 les décrit d'une vue si pénétrante, si divinatrice, qu'il se trouve prédire, des siècles à l'avance, avec des précisions saisissantes, le supplice futur du Juste par excellence, du Messie. Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ? Dans le cœur du psalmiste, c'est un cri d'angoisse, non de révolte, et le commencement d'un chant de l'espérance messianique. Dans le cœur du Messie, quand il reprend intentionnellement ces mêmes paroles, leur donnant pour la première fois leur inimaginable profondeur, comment seraient-elles un cri de désespoir ? Elles sont une supplication déchirante qui monte vers le ciel.

    Jésus avait dit sur la Montagne : «Bienheureux les pauvres en esprit...» (Mt 5,3). Et, depuis ce moment, la pauvreté est devenue une béatitude. Et voici la récompense : «Car c'est à eux qu'est le royaume des cieux». Le Christ, divinement Pauvre, devient divinement Roi. «Vous connaissez la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ, qui pour vous s'est fait pauvre, de riche qu'il était, afin que par sa pauvreté vous fussiez enrichis» (2 Cor. 8, 9).


    Jésus, que mes tristesses ne soient pas un venin ! Faites que l'amertume et la détresse qui me submergent ne soient jamais ni celles de la révolte ni celles du désespoir. Donnez-moi, avant ma mort, au moins dans une faible mesure, je vous supplie, le privilège de pressentir par moments le mystère de votre nuit rédemptrice et de votre déréliction.


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  5. Nous ne devons jamais oublier la double nature du Christ Jésus : il y avait là un corps physique et un corps éthérique d’un homme. Par conséquent, dans son agonie, combien longue et cruelle, le Christ a connu effectivement quelle était la souffrance humaine, la douleur de la chair blessée et, quoique Archange, Il n’a pas pu s’empêcher de pousser ce cri humain correspondant exactement à une soif horrible, une soif explicable du fait des plaies de la flagellation et des autres pertes de sang dues à la crucifixion. Par ce cri, Christ exhale la plainte de la nature humaine qu’Il a accepté volontairement de prendre pour nous sauver.

    Cette soif, rien ne pourra l’apaiser et la mort sera l’unique délivrance possible. Et encore, est-ce bien vrai ? Est-ce bien vrai que le Christ n’ait plus soif ? Car Sa soif était-elle uniquement une soif physiologique du moment ?

    Revenons un moment sur quelques versets importants du chapitre XXV de Matthieu (35 à 46), dans lesquels Christ nous dit d’abord :
    "Car j’ai eu faim et vous m’avez donné à manger ; J’ai eu soif et vous m’avez donné à boire ; etc..."
    Mais Il a dit aussi :
    "Car j’ai eu faim et vous ne m’avez pas donné à manger ; j’ai eu soif et vous ne m’avez pas donné a boire ; etc..."
    A cela, Lui répondront ceux qui sont à Sa gauche : "Quand t’avons nous vu ayant faim, ou ayant soif, etc... ?".

    Et Christ leur répondit :
    "Je vous le dis en vérité, toutes les fois que vous n’avez pas fait ces choses à l’un de ces plus petits, c’est à moi que vous ne l’avez pas fait".

    Vous comprenez qu’à chaque fois que nous omettons un acte de charité, que nous nous détournons de celui qui souffre, qui a faim, qui a soif, c’est du Christ que nous nous détournons ; actuellement encore, là où Il se trouve, Il souffre de notre égoïsme, de notre dureté de cœur, de notre indifférence en présence de la misère de nos frères.

    Lorsque vous serez dans le secret de votre chambre, que vous vous recueillerez et que vous penserez à tous ceux qui ont faim dans le monde et qui souffrent d’une insuffisance quelconque, prêtez l’oreille, écoutez dans le silence de votre cœur, et vous entendrez encore ce cri déchirant : "J’ai soif !" que le Christ lance encore après près de deux mille ans !

    Mieux que le soldat romain, puissiez-vous offrir une boisson réconfortante, un secours efficace, un soulagement réel !

    Si nous admettons (et c’est réel) que le Christ souffre actuellement du mal commis dans le monde, nous devons admettre aussi qu’Il doit ressentir un soulagement, une consolation, en considérant les actes de charité, d’amour, de service désintéressé de ceux qui ont su entendre ce cri ; "J’ai soif !" et qui veulent essayer de calmer cette douleur.

    Faisons donc partie de cette phalange de bons serviteurs se laissant émouvoir par les souffrances de l’humanité et surtout sachant compatir à celles-ci et cherchant à les soulager suivant ses possibilités. Si le Christ eut soif sur la Croix, allons vers les déshérités qui ont soif et faim aussi de quoi que ce soit et, alors, c’est réellement du Christ que nous apaiserons la soif et la faim !


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  6. Jésus est la Parole de Dieu, vivante en chair. Tel est son être, tout en lui respire la Parole vivante. Lorsqu’il dit j’ai soif, il accomplit la Parole. Par ce « j’ai soif », il fait référence à un autre psaume, le psaume 68, que l’on a retenu comme une prière du Temps de la Passion : «Sauve-moi, mon Dieu, l’eau me vient jusqu’au cou. Je m’enlise dans la vase du fond, maintenant je perds pied…. Ils ont mis du poison dans ma nourriture ; quand j’avais soif, ils m’ont donné du vinaigre ». Voici donc le psaume qui se réalise sous nos yeux. Jésus, le pauvre de Dieu n’en peut plus d’avoir soif et à sa soif, on ne répond que par l’amertume. Mais en fait de quelle soif s’agit-il ? Est-ce seulement celle du corps, ou n’est-ce pas tout autant celle de l’âme. Jésus crie sa soif de vérité, de justice, d’amour. Qui l’entend, qui lui répond ? Le juste est incompris, il est même de trop. S’il a soif, on lui donnera la boisson la plus amère possible pour qu’elle lui reste comme du fiel dans les entrailles et il finira bien par en mourir. Le complot des méchants réussira, comme il est dit par les prophètes.
    Non, ce n’est pas vrai, la soif de Dieu finira par rencontrer la soif de l’homme. Comme on le chante dans ce même psaume : «Que les pauvres gens soient en fête, vous qui cherchez Dieu que vive votre cœur ». Le Christ lui-même criera depuis Jérusalem : «Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi, et qu’il boive, celui qui croit en moi ! Selon le mot de l’Ecriture : De son sein couleront des sources d’eau vive. » Là est le véritable étanchement de la soif de Dieu, il ne demande que la soif de l’homme afin de faire un avec sa créature.
    Que cette soif commune nous tienne au cœur et qu’elle redresse notre désir, ainsi de l’amertume, nous passerons à l’extrême douceur d’une Eucharistie partagée dans le pain rompu et la coupe de vin répandu.

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    1. Il y a là un paradoxe que le mot lui-même laisse bien percevoir. On peut en effet traduire de deux façons : «Tout est accompli » ou «Tout est fini ». Apparemment, ce qui passe là est un échec lamentable et tout homme terminant ainsi sa carrière ne peut que baisser la tête par mode de défaite. Le Christ baissera bien la tête (inclinato capite) mais non pour s’incliner devant l’immédiatement des évènements, mais bien plutôt pour reconnaître à cet endroit même, l’humilité nécessaire pour entrer dans la gloire de Dieu.
      Ainsi tout est accompli pour Jésus. Il a été envoyé comme parole de Dieu et il a mené la Révélation à son accomplissement ; «il n’est pas venu abolir, mais accomplir ». A cette heure où rien ne peut faire illusion, il se présente nu, il se présente comme l’enfant à sa naissance, comme le Nouvel Adam, comme le Roi Messie, sans pouvoir terrestre, comme le serviteur souffrant qui porte les péchés du monde.
      Là, sur la croix, oui, tout est accompli. A tel point, qu’aucune autre révélation n’est désormais absolu nécessaire. Tout est accompli, et il n’y a plus qu’à entrer dans la perspective renversée de cet accomplissement.
      En écho à cette parole de Jésus, on peut se rappeler celle de Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, mourant à 24 ans après ces paroles : « J’ai tout dit ; j’ai tout dit, tout est accompli, c’est l’amour seul qui compte.

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  7. Voilà un cri bien différend de celui du Psaume 21. Désormais, Jésus n’a plus un seul regard en arrière : il rend tout au Père sur le chemin des hommes. Il chante là le psaume 30, tout de confiance et d’abandon filial après le passage de l’épreuve : « En toi, Seigneur, j’ai mon refuge, ne m’abandonne jamais à la honte. Je confie à ta main la garde de ma vie. Que je danse de joie, exultant de ton amour. » Le psaume se termine par une invitation à la confiance pour tous : « Aimez le Seigneur, vous ses fidèles. Le Seigneur veille sur les siens. »
    Cet esprit que Jésus remet entre les mains du Père, c’est leur esprit commun, c’est leur respiration commune, c’est le souffle vital qui les réunit. Et c’est aussi cet esprit dont Saint Jean dira qu’il le remet aussi à ses disciples et donc à nous-mêmes.
    Dans chacune de nos existences, il y a la difficulté du pardon, la prière de la désespérance, le cri de l’abandon, la soif de justice, le désir d’un véritable accomplissement et finalement ce moment de l’expiration au sens littéral où l’esprit se remet selon le juste équilibre de Pâques.
    C’est là que la musique en dit plus que tous nos mots balbutiants. Laissons monter ce chant en nos cœurs comme la véritable résolution de nos dissonances quotidiennes.

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  8. Merci pour ces belles pages, qui nous remettent en mémoire les dernières heures de notre seigneur, bonne soirée à vous deux et à ceux qui la passerons près de ceux qui veillent Jésus ce soir.

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